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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
L’inclusion ne peut se faire que si l’on « voit » la personne avant le handicap.
Matthieu, bénéficiaire des services d’Accompagnement à domicile et de Conseil social de Pro Infirmis Vaud.
« Selon le dictionnaire, l’inclusion est quelque chose incluse dans une autre, par exemple : une clause incluse dans un contrat. A ne pas confondre avec une occlusion, sinon consultez d’urgence un médecin. Mais restons sérieux, dans un monde qui ne fonctionne que par la marginalisation et l’ostracisme, plusieurs piqûres de rappel sont nécessaires, d’où l’importance du Téléthon dont je déplore le côté larmoyant.
Il a fallu plusieurs dizaines d’années pour que des infrastructures soient mises en place comme l’accès facilité aux transports publics, aux musées, etc. Il faudra donc attendre encore plusieurs années pour que le handicap ne soit plus vu comme un frein. L’inclusion du handicap c’est pouvoir faire les mêmes choses que « les autres », d’une manière plus confortable pour celui ou celle qui vit le handicap.
L’inclusion ne peut se faire que si l’on « voit » la personne avant le handicap. Si je suis aujourd’hui « inclus » dans la société, je ne le dois pas à la société elle-même, mais à mes propres ressources ainsi qu’à celles de mes proches. Peut-être que la société est-elle aussi handicapée ? »
Les propos tenus n'engagent que leur auteur.
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
« A Lausanne, il n’y a pas assez de solutions pour des handicapés. On est vite à l’écart. »
« Je m’appelle Andreia Dos Santos Ramos. J’ai 25 ans et j’habite à Lausanne. Je travaille comme aide-animatrice dans un EMS à 10% et à 40% comme aide secrétaire dans une entreprise sociale.
Quand j’étais à l’école, je faisais de l’équitation et ensuite de la natation. Maintenant, j’aime discuter avec des amis et boire un verre avec eux, aller à Luna parc, au Nouvel An à l’EPFL, tout ce qui est du festival comme le Cully Jazz, ou écouter de la musique comme la Guggenmusik, la fanfare. Dans les bus, il y a des personnes qui ne libèrent pas volontairement les places pour les personnes handicapées. C’est dur. A Lausanne, il n’y a pas assez de solutions pour des handicapés. On est vite à l’écart. Les passages piétons changent trop vite du vert au rouge. Des fois les bords des trottoirs sont trop hauts ou il manque des barres pour se tenir aux escaliers. Pour inclure les personnes handicapées, il faut des campagnes publicitaires, des activités mélangées avec des handicapés et des personnes « normales », des réseaux de rencontres mélangés dans différents secteurs de festivités, de loisirs, de vacances, etc. ».
Propos retranscrits par le service d’Accompagnement à domicile
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
Avant j’avais pas vraiment l’impression de faire partie de la société parce que je n’avais pas de travail.
Témoignage d’une cliente de notre service d’insertion en entreprise « insertH »
Slobodanka Jankovic, 26 ans, aide-vendeuse à Lausanne
« Être intégrée, faire partie de la société. Avant je n’avais pas d’activité, parce que j’ai eu un traumatisme crânien à même pas une année et j’ai eu des séquelles… des troubles de la mémoire et, suite aux différents stages que j’ai faits, c’est ma lenteur qui m’a empêchée d’avoir un travail comme tout le monde. Je n’ai pas pu trouver un poste qui me convienne.
Avant j’avais pas vraiment l’impression de faire partie de la société parce que je n’avais pas de travail. Aujourd’hui, je me sens incluse, je fais du sport dans un club.
Au travail, ça me permet d’avoir des collègues, de rencontrer des clients. Depuis que j’ai un emploi, je me sens beaucoup mieux qu’avant. J’ai avancé, j’ai évolué. Je prends des initiatives. J’ai plus confiance en moi.
J’ai des projets pour la suite. Je suis en recherche d’appartement et j’espère trouver quelque chose. J’ai envie d’avancer et de prendre plus d’indépendance. Je fais beaucoup de choses chez mes parents, mais là, je pourrais plus en faire. J’ai envie d’une indépendance pour moi.
Il y a eu beaucoup de changements en un an : le fait d’avoir trouvé un travail et bientôt un logement… Et pour la suite, ce sera trouver quelqu’un… »
Propos retranscrits par Maurizio Zasso, conseiller en insertion
maurizio.zasso@proinfirmis.ch
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
« Les décisions seraient ainsi prises avec elles et non plus pour elles »
Grégoire Droz-dit-Busset, 19 ans, co-responsable de la commission jeunesse et prévention et membre du conseil de fondation de forom écoute, organisation faîtière romande dont l’objectif est de soutenir et défendre les intérêts des personnes malentendantes et devenues sourdes.
« Je ne pense pas que l’inclusion pourra supplanter l’intégration car notre société veut « normaliser » ceux qui ne le sont pas, mais, des efforts ont déjà été faits.
Durant ma scolarité, mes professeurs ont porté un micro-cravate afin que je puisse bien les comprendre durant les cours. Durant mon apprentissage, j’ai tout de suite fait part des difficultés potentielles auxquelles je pouvais faire face (téléphone, contact clientèle, contact avec les collègues, …) et une belle collaboration a été faite entre ma formatrice, mes collègues et moi-même afin que les difficultés soient moindres et que je puisse évoluer dans les meilleures conditions. Voilà deux exemples à petite échelle d’inclusion.
À grande échelle, lors de prises de décisions politiques concernant des aspects dans lesquels les personnes handicapées sont directement impliquées, nos politiciens devraient s’entretenir directement avec celles-ci afin de comprendre leurs attentes et leurs besoins. Les décisions seraient ainsi prises avec elles et non plus pour elles. Ainsi la convention relative aux droits des personnes handicapées à laquelle la Suisse a adhéré le 15 avril 2014 serait pleinement respectée ».
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
Une autre approche du regard de l’autre.
Souvent on a l’impression d’être jugé par le regard de l’autre. Lucienne, 75 ans, ayant un fils handicapé, nous propose une philosophie de vie pour la dépasser.
« Les parents à force de donner de l’importance au regard de l’autre se replient sur eux-mêmes »
« Quand je vois des parents et leurs enfants qui entrent dans un magasin avec la tête dans les épaules tout en s’inquiétant de savoir si on les observe, j’ai envie de leur dire que depuis la naissance de mon fils, je l’ai pris partout comme n’importe quel autre enfant parce que pour moi c’était normal. Je ne me suis jamais préoccupée de savoir si les gens me regardaient. Les parents à force de donner de l’importance au regard de l’autre se replient sur eux-mêmes. Quand on voit quelque chose de spécial, on y prête attention sans le regarder. J’allais me promener partout avec mon fils et je n’ai jamais fait attention si les gens me regardaient puisque je ne les regardais pas. Si la personne handicapée se sent observée, c’est qu’elle regarde aussi autour d’elle. Il faut arrêter de penser que l’on nous regarde, c’est ce qui nous a permis d’avancer. Il faudrait apprendre aux parents à ne pas être culpabilisé d’avoir un enfant handicapé ; parce que si l’on se sent coupable, l’on va s’inquiéter de savoir ce que l’autre pense de nous. »
Témoignage anonyme
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
« Grâce à ce job d’aide-garagiste, ça m’ouvre plus, parce que je vais vers les gens, même si je ne les connais pas, je vais vers eux, je discute, je m’instruis. »
Jean-Michel Brélaz, 46 ans, bénéficiaire d’une rente AI, aide-garagiste à Epalinges
« C’est la vie quoi… c’est faire un job ! Rester sans rien faire devant la télé toute la journée, moi je péterais un câble… Grâce à ce job d’aide-garagiste, ça m’ouvre plus, parce que je vais vers les gens, même si je ne les connais pas, je vais vers eux, je discute, je m’instruis. J’ai déjà une voiture, je conduis aussi la voiture des autres pour les amener aux expertises à la Blécherette. Je connais maintenant des Turcs, je bois des verres avec eux, je discute… je commence même à comprendre leur langue !
Ce travail m’ouvre tout ! Même si je ne sors pas de la Suisse… je m’ouvre comme je peux… Faut que les handicapés soient acceptés, cela va de soi mais il y a des gens qui n’acceptent pas. Comme à l’école ou au boulot, certains disent « …Oh tu as vu celui-là est handicapé » ou « il est bizarre… ». L’inclusion c’est d’abord les accepter comme ils sont, non ? »
Propos relevés et retranscris par Maurizio Zasso,
conseiller en insertion, maurizio.zasso@proinfirmis.ch
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
« Ne volons pas les mots « inclusion » et « autodétermination » aux personnes en situation de handicap. »
Julien-Clément Waeber, conseiller communal PS à Chavannes près-Renens.
« Passionné de politique depuis mon plus jeune âge, je suis conseiller communal à Chavannes-près-Renens. Engagé, je suis également actif dans le monde associatif pour défendre l’inclusion et l’autodétermination de la personne en situation de handicap : vice-président de Cap-Contact, membre du Comité du SEHP (Sexualité et Handicaps Pluriels).
Je me bats donc pour l’inclusion des personnes en situation de handicap. Mais attention, une inclusion prônée et portée par les personnes en situation de handicap elles-mêmes. En effet, il y a une tendance toujours plus présente dans le monde du handicap à vouloir défendre une vision qui n’est pas forcément dans l’intérêt de la personne en situation de handicap. Ne volons pas les mots « inclusion » et « autodétermination » aux personnes en situation de handicap. Il faut une représentativité et un poids réels des personnes en situation de handicap dans les organismes du monde du handicap, et notamment dans les organisations qui défendent leurs droits. Enfin, il faudrait qu’une personne en situation de handicap siège au Grand Conseil vaudois. Qui sait… Ça sera peut-être pour 2017 ! »
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
« Mais le facteur qui a réellement été décisif à mon intégration, celui qui m’a permis d’être actif sur le plan politique, c’est d’avoir grandi de manière bilingue, langue des signes et langue parlée. »
Stéphane Faustinelli, 59 ans, Directeur de la Fédération Suisse des sourds SGB-FSS.
Devenu sourd à l’âge de 5 mois (suite à une méningite), j’ai commencé ma scolarité dans un institut pour enfants sourds en Valais avant d’être intégré à l’école secondaire de Monthey. Après un apprentissage de laborantin en chimie, j’ai travaillé dans ce domaine durant 17 ans à Monthey et Bâle avant d’être engagé comme directeur à la Fédération suisse des sourds.
L’intégration, alors que j’étais jeune adulte, ne m’importait guère du point de vue scolaire, ce qui comptait davantage c’était le fait de pouvoir participer et échanger avec les jeunes de mon âge lors de diverses activités culturelles et sportives. C’est pourquoi je me suis aussi engagé dans diverses associations.
Mais le facteur qui a réellement été décisif à mon intégration, celui qui m’a permis d’être actif sur le plan politique, c’est d’avoir grandi de manière bilingue, langue des signes et langue parlée. En effet, sans la langue des signes, je ne pense pas que je serais à mon poste actuel. Bien entendu, la présence des interprètes, tout comme les moyens modernes de communication (SMS, relais téléphonique, mails, etc.) ont aussi joué un rôle crucial.
Mon rêve, pour une intégration réussie serait que tout entendant sache s’exprimer en langue des signes. C’est un rêve mais… pas si impossible que cela !
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LE HANDICAP, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
« C'est à ses côtés que j'ai réalisé à quel point notre société et nos infrastructures doivent être inclusives»
NICOLAS LEUBA, préside Vaud Routes (Ass. Routière Vaudoise) et la section vaudoise de l'Union Professionnelle Suisse de l'Automobile (UPSA). Il est membre du comité de Pro Infirmis Vaud.
« Elle a éclairé ma route, mon action.
Côtoyer un proche touché par le handicap permet de se rendre compte des difficultés qu'il rencontre au quotidien.
Ma soeur trisomique m'a ainsi ouvert les yeux sur les besoins d'accompagnement nécessaires aux personnes atteintes de handicaps.
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L’INCLUSION, ÇA ÉVOQUE QUOI POUR VOUS ?
« L’audiodescription au cinéma, au théâtre comme au musée est une belle forme d’inclusion puisque nous sommes des spectateurs comme les autres »
MURIEL SIKSOU, 52 ans, secrétaire médicale de formation.
Je suis divorcée, avec deux grands garçons. Atteinte d’une maladie de rétine dégénérative, je partage depuis huit ans le quotidien des personnes malvoyantes. Je me déplace actuellement avec une canne blanche. Depuis 5 ans au comité de la section vaudoise de la Fédération Suisse des aveugles et malvoyants, je m’occupe des activités culturelles de la section. Dans ce cadre-là, nous avons proposé à nos membres des visites de musée guidées et adaptées au handicap visuel. L’audiodescription au cinéma, au théâtre comme au musée est une belle forme d’inclusion puisque nous sommes des spectateurs comme les autres et nous pouvons ainsi bénéficier sur le plan culturel de ce que propose notre ville comme tout citoyen ! Pourquoi serais-je exclue à cause de mon handicap ?
Parmi les belles réalisations auxquelles j’ai participé, signalons la grande crèche adaptée à la Cathédrale de Lausanne. Une visite tactile et sensorielle pour tout public !
Par contre accessibilité ne veut pas dire inclusion, mais nous nous efforçons, par de belles énergies, d’y parvenir doucement à petits pas…
Muriel Siksou